L’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) dispose d’un numéro vert permettant aux citoyens de signaler les manquements dans le secteur alimentaire.
Cette initiative a prouvé son efficacité en facilitant la collecte d’informations cruciales sur l’hygiène et la sécurité des produits consommés. Face aux nombreux abus constatés dans le monde du travail, la question se pose : pourquoi ne pas appliquer la même logique à l’inspection du travail ?
Salaires impayés, licenciements abusifs, conditions de travail précaires, absence de contrats, harcèlement moral ou sexuel, non-respect des droits des employés… Les dérives sont nombreuses dans certaines entreprises, et pourtant, peu de travailleurs osent les dénoncer.
La peur des représailles, le manque d’informations sur les procédures à suivre et le sentiment d’impuissance face à un système parfois perçu comme lent et inefficace dissuadent bon nombre d’entre eux de faire valoir leurs droits.
Pourtant, le cadre légal existe. L’article 8 du Code du travail gabonais est clair : « Tous les travailleurs sont égaux devant la loi et bénéficient de la même protection et des mêmes garanties. Toute discrimination […] est interdite. Par discrimination, on entend, au sens du présent code, toute distinction, exclusion ou préférence ayant pour effet de détruire ou d’altérer l’égalité des chances ou de traitement en matière d’emploi ou de profession ».
Ce cadre protecteur existe donc, mais encore faut-il qu’il soit appliqué et respecté. Un numéro vert permettrait aux employés de signaler ces abus de manière anonyme et sécurisée. Il offrirait une porte d’entrée plus accessible aux travailleurs, en particulier ceux du secteur informel ou employés sous des contrats précaires, souvent privés de toute protection.
« Ce serait bénéfique, un peu comme on voit avec le numéro pour dénoncer les violences. Une telle plateforme va bousculer et faire bouger les choses, et ce serait une aide importante pour évoquer les difficultés rencontrées par les travailleurs au sein de leur entreprise », a déclaré M. Obiang, inspecteur du travail.
Des brigades de contrôle pour une action rapide
L’un des problèmes majeurs de l’inspection du travail reste le manque de moyens techniques pour effectuer des contrôles réguliers et ciblés. La mise en place d’un numéro vert ne serait efficace que si elle s’accompagne d’une réelle capacité d’intervention.
En s’appuyant sur les signalements recueillis, des brigades spécialisées pourraient être déployées pour mener des contrôles inopinés dans les entreprises suspectées de manquements. Cela permettrait non seulement d’identifier rapidement les abus, mais aussi de créer un climat de dissuasion, obligeant les employeurs à respecter le Code du travail sous peine de sanctions.
Un mécanisme de protection pour les travailleurs
Aujourd’hui, lorsqu’un employé subit une injustice, il a peu de recours. Même lorsqu’il décide de porter plainte, les démarches administratives sont longues et complexes, et le risque d’être mis à l’écart par son employeur ou d’autres entreprises est bien réel.
Un numéro vert assurerait une certaine protection en garantissant l’anonymat des dénonciations. Il pourrait également être associé à une cellule d’écoute pour orienter les travailleurs vers les structures juridiques adaptées et les aider à faire valoir leurs droits sans mettre en péril leur emploi.
Une nécessité pour un marché du travail plus équitable
L’AGASA a démontré que ce type de dispositif peut fonctionner. Étendre cette initiative au monde du travail permettrait de mieux réguler un secteur où les abus sont encore trop nombreux. Une telle mesure enverrait un signal fort : celui d’un État soucieux de la protection de ses travailleurs et prêt à faire respecter les lois en vigueur.
La mise en place d’un numéro vert pour liInspection du travail ne serait pas une révolution, mais une évolution logique et nécessaire pour garantir un marché du travail plus juste et plus équitable au Gabon.