À travers le Gabon, les Centres de traitement ambulatoire (CTA) constituent la colonne vertébrale de la lutte contre le VIH/SIDA. Dépistage, prise en charge médicale, distribution des antirétroviraux, soutien psychologique, prévention : ces structures sont essentielles pour accompagner les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Pourtant, aujourd’hui, seules 10 sont opérationnelles sur l’ensemble du territoire national.
Le Gabon compte environ 47 000 personnes vivant avec le VIH, selon les estimations internationales les plus récentes. Mais pour elles, seulement 10 CTA : cela représente à peine un centre spécialisé par province. Et derrière ce chiffre se cachent des réalités beaucoup plus lourdes : des provinces vastes, parfois difficiles d’accès, des villages isolés, des routes impraticables, et des patients qui parcourent des dizaines, parfois des centaines, de kilomètres pour un simple rendez-vous.
Dans ces conditions, chaque CTA devient un pôle surchargé. Moins de centres, c’est mécaniquement plus d’attente, plus de distances, plus de ruptures de suivi. Et dans la lutte contre le VIH/SIDA, chaque interruption de traitement peut être dramatique pour la santé des patients comme pour la maîtrise de la transmission.
Avec seulement 10 centres spécialisés, les risques s’accumulent : files d’attente interminables, consultations espacées, bilans retardés, traitements interrompus, diagnostics tardifs, hausse potentielle des transmissions, et des patients découragés par des kilomètres de déplacement. Une prise en charge irrégulière fragilise la maîtrise de la charge virale et compromet les progrès sanitaires réalisés ces dernières années.
Un Centre de traitement ambulatoire est bien plus qu’un simple bâtiment. C’est un lieu où l’on soigne, soutient, informe et redonne espoir. C’est là que beaucoup apprennent leur statut, reçoivent leur traitement, effectuent leurs bilans et trouvent un accompagnement psychologique indispensable. Plus un CTA est proche, plus les chances de maintenir un suivi régulier augmentent.
Disposer d’un seul CTA par province demeure insuffisant pour couvrir efficacement un territoire parfois immense, où les populations sont dispersées. La couverture nationale reste fragile, et la capacité des CTA à absorber tous les patients est limitée. Rapprocher les soins des populations devient un impératif de santé publique.
En ce mois de décembre rouge, dédié à la lutte contre le VIH/SIDA, un constat s’impose : le Gabon ne compte que 10 CTA pour faire face à un défi national majeur. Ce chiffre interpelle, appelle à réfléchir et surtout à renforcer les infrastructures existantes, à diversifier les points de prise en charge et à faciliter l’accès aux soins. Dix centres pour tout un pays, c’est trop peu pour vaincre durablement l’épidémie, mais c’est aussi un point de départ pour construire une riposte plus accessible, plus forte et plus humaine.

