Malgré les avancées médicales et les campagnes de sensibilisation sur l’ensemble national, le VIH/SIDA demeure entouré d’un profond tabou. Stigmatisation, silence et peur freinent encore la prévention, le dépistage et la prise en charge.
Longtemps perçu comme un sujet sensible, voire honteux, le VIH/SIDA continue d’être l’une des problématiques de santé publique les plus complexes au Gabon. Bien que les traitements antirétroviraux soient accessibles et que le dépistage soit encouragé, de nombreuses personnes hésitent encore à franchir la porte d’un centre de santé par crainte du regard des autres. « La société associe souvent le VIH/SIDA à la honte parce qu’il a longtemps été présenté comme la conséquence d’une sexualité jugée »déviante » et entourée de jugements moraux. » a révélé Francky-Thiburse MAPENDA diplômé en sociologie (UOB) et Enseignement spécialisé (ENS). Cette stigmatisation persiste dans les familles, les milieux professionnels et parfois même dans les structures médicales.
Au Gabon, comme dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, la perception du VIH/SIDA dépasse le cadre médical. La maladie reste associée à des préjugés moraux : vie sexuelle jugée « débridée », infidélité, ou encore irresponsabilité. «Le manque d’information et la peur ont renforcé ces préjugés»a souligné l’expert .Ces croyances alimentent la honte et poussent les personnes vivant avec le VIH à se cacher.La peur d’être rejeté est si forte que certains préfèrent renoncer au dépistage ou abandonner les traitements, mettant leur santé et celle de leurs partenaires en danger.
Le pays a pourtant réalisé des progrès notables : campagnes nationales de dépistage, accès gratuit aux ARV dans de nombreuses structures, multiplication des ONG locales œuvrant pour l’accompagnement psychosocial. Mais face à ces efforts, le silence social et la désinformation demeurent de véritables obstacles.
La stigmatisation n’est pas qu’un problème social. Elle a un impact direct sur la propagation du virus. « le VIH est une maladie comme les autres, et la stigmatisation vient de l’ignorance, jamais des personnes qui vivent avec le virus» a conclut le sociologue. Une personne qui ne se fait pas dépister, par peur d’être jugée, peut vivre des années sans connaître son statut. Or, une prise en charge précoce permet non seulement de vivre avec une espérance de vie quasi normale, mais aussi de réduire drastiquement les risques de transmission.
Le combat contre le VIH/SIDA ne se gagnera pas seulement avec des médicaments, mais aussi grâce à une remise en question collective. Tant que la honte persistera, la maladie continuera de progresser dans l’ombre.

