Au PK12, des dizaines de commerçantes continuent de vendre à même le sol, au bord de la route, dans des conditions d’hygiène difficiles et d’insécurité permanente. Entre la poussière, les risques d’accidents et l’absence totale d’organisation, ce mode de vente fragilise autant leur travail que leur sécurité. Et pourtant, à seulement un kilomètre, un espace moderne, propre et conçu pour elles reste largement sous-occupé : le marché du PK11.
Le contraste est trop grand pour être ignoré. « Ce marché du PK11 offre des étals propres, des allées organisées, des toilettes, des zones de conservation, un environnement sûr et adapté à l’activité commerciale. S’y installer permettrait à ces femmes d’exercer dignement, de préserver leur santé, d’attirer plus de clients et surtout d’être recensées officiellement », a déclaré une commerçante du nouveau marché. Car être recensée, c’est pouvoir bénéficier demain de programmes de soutien, de formations, d’aides financières et d’une véritable reconnaissance professionnelle. On ne peut accompagner que celles qui existent dans les registres.
Continuer à vendre le long de la route n’est pas une solution d’avenir. C’est une survie précaire, ponctuée d’expulsions, de risques, de pertes et d’incertitudes. Respecter les infrastructures et les espaces dédiés n’est pas une contrainte : c’est une protection. C’est un choix responsable qui garantit la pérennité de leurs activités et contribue à l’assainissement de l’espace public. Les marchés modernes ne sont pas construits pour rester vides ; ils sont conçus pour offrir un cadre de travail plus stable et plus humain à celles qui en ont besoin.
Avec les travaux imminents prévus au PK12, ce choix devient urgent. Le marché du PK11 n’est pas un déplacement forcé, mais une opportunité réelle. Une chance de travailler mieux, en sécurité, avec plus de perspectives. La modernisation d’une ville ne commence pas par les grandes infrastructures ; elle commence par l’utilisation des espaces déjà disponibles. Elle commence parfois par un simple kilomètre : celui qui sépare le PK12 du marché moderne du PK11.
Pour rappel, dans un communiqué officiel, le ministre des Travaux publics, Edgard Moukoumbi, avait annoncé le lancement des travaux de construction d’un flyover au PK12, précédés d’une opération de démolition dès le 9 décembre 2025 à 7h. Les personnes recensées lors de la première phase et ayant bénéficié d’un accompagnement social étaient invitées à s’y préparer, tandis que les commerçants installés sur les trottoirs et autour du giratoire devaient libérer les emprises avant la date butoir.
Malgré les perturbations attendues, le ministre soulignait l’importance de ce projet pour améliorer la circulation et moderniser les infrastructures de Libreville, appelant à la compréhension et à la coopération de tous.

