Face à la précarité de la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux au Gabon, le ministère de la Santé a mis en place plusieurs initiatives, dont un numéro vert gratuit, le 1324, lancé en mai 2022, en complément du 066 61 10 81.
Ce dispositif vise à améliorer le signalement et l’orientation des malades mentaux, notamment ceux en situation d’errance, vers le Centre national de santé mentale de Melen (CNSM), la seule structure spécialisée du pays.
L’objectif principal de ce numéro vert est de faciliter le signalement des personnes souffrant de troubles mentaux, particulièrement celles en errance, et de coordonner leur prise en charge par le CNSM. Cette initiative répond à un besoin urgent, comme en témoigne le nombre important de personnes atteintes de maladies mentales non prises en charge, estimé à 4 145 patients enregistrés au CNSM en 2021.
Cependant, la mise en œuvre de ce dispositif rencontre des difficultés. Bien que le numéro soit théoriquement disponible 24h/24 et 7 jours/7 depuis son lancement, des témoignages font état de problèmes récurrents pour joindre les services. De plus, le protocole d’intervention, bien qu’il vise à garantir des soins adéquats, peut s’avérer dissuasif. Après le signalement téléphonique, un membre de la famille du malade est invité à se rendre au CNSM pour remplir des formalités.
Si le patient est dans l’incapacité de se déplacer, une unité mobile est mise à disposition pour un montant de 50 000 francs CFA, comme l’a souligné un responsable de la structure. À cela s’ajoutent les frais de soins, qui varient entre 3 500 et 10 000 francs CFA une fois arrivé au centre. Ces coûts constituent un véritable obstacle, en particulier pour les familles les plus démunies.
Malgré le lancement du numéro vert 1324, qui représente une avancée dans la prise en compte de la santé mentale au Gabon, des défis importants persistent. L’accessibilité financière aux soins, la disponibilité effective des services d’urgence et la nécessité de renforcer les moyens alloués au CNSM – qui souffre d’un manque chronique de ressources humaines et matérielles, limitant sa capacité d’accueil et la qualité des soins dispensés – constituent autant de points d’achoppement.
Une prise de conscience et une action concertée des pouvoirs publics sont indispensables pour améliorer la prise en charge des malades mentaux et garantir leur accès à des soins de qualité. Il est également crucial de sensibiliser la population aux troubles mentaux afin de réduire la stigmatisation et d’encourager les familles à solliciter de l’aide.

