Le constat de saturation de la Fonction publique n’est pas qu’un simple aveu, c’est le point de départ d’une réorientation stratégique visant à bâtir une économie plus résiliente et diversifiée. La priorité affichée par le gouvernement est de décongestionner l’appareil étatique, dont la masse salariale pèse lourdement sur le budget national, pour transférer le moteur de l’emploi vers le secteur privé.
L’entrepreneuriat et l’employabilité des jeunes constituent l’un des sept piliers prioritaires du Budget 2026 défendu à « plus de 7 000 milliards de FCFA » témoignant de la volonté politique de soutenir cette transition.
Face à cette saturation de la fonction publique, le gouvernement, par l’entremise du ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima réaffirme sa volonté de placer l’entrepreneuriat au cœur de sa stratégie de développement économique et de création d’emplois. « La Fonction publique est aujourd’hui saturée et ne peut plus embaucher comme nous le souhaiterions. Nous voulons encourager l’entrepreneuriat et la création d’entreprises », a-t-il indiqué.
Cette déclaration pourrait être perçue comme un tournant majeur dans la politique d’emploi du pays. Elle pourrait également officialiser la fin de l’absorption massive des diplômés par l’État, une pratique qui a longtemps été la voie privilégiée pour l’intégration professionnelle.
Une orientation qui implique la mise en place de politiques plus incitatives pour les créateurs d’entreprises, incluant potentiellement des facilitations d’accès au financement, des allégements fiscaux pour les PME, et un soutien accru aux incubateurs.
L’enthousiasme pour l’entrepreneuriat doit cependant être tempéré par les défis structurels. L’une des difficultés majeures, souvent soulevée par les acteurs du secteur, réside dans le manque de structuration des porteurs de projets gabonais. De nombreux aspirants entrepreneurs se dirigent vers les banques comme la Banque pour le commerce et l’entrepreneuriat du Gabon (BCEG) pour obtenir des prêts dès le début de leur activité, alors que ces institutions sont plus aptes à financer des entreprises déjà établies et ayant un historique.
Si l’appel à l’entrepreneuriat est salué pour l’ambition des autorités de dynamiser le secteur privé, il soulève néanmoins des questions importantes quant à la préparation du pays à une telle transition. Les banques locales seront-elles en mesure d’accompagner l’afflux de demandes de financement de jeunes entrepreneurs ? Le système éducatif est-il adapté pour former des créateurs d’entreprises plutôt que des fonctionnaires, les réformes visant à améliorer le climat des affaires sont-elles suffisantes pour garantir la pérennité des nouvelles structures ?
Le gouvernement est attendu sur les mesures concrètes qui accompagneront cette nouvelle orientation, afin de transformer ce constat de « saturation » en un véritable levier pour une croissance portée par l’initiative privée. L’avenir professionnel des jeunes Gabonais repose désormais plus que jamais sur leur capacité à innover et à créer leur propre emploi.

