Alors que les projecteurs s’éteignent sur la 34e Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et que la Côte d’Ivoire célèbre son sacre face au Nigéria, un homme se distingue dans la liesse populaire : Emerse Faé. Inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, il est le principal artisan de ce triomphe inespéré.
Un conte de fées à l’africaine
Il y a quelques semaines encore, personne n’aurait parié sur Emerse Faé pour mener les Eléphants à la victoire. Adjoint de Jean-Louis Gasset depuis 2022, il se retrouve propulsé sur le devant de la scène après le limogeage de ce dernier et de son adjoint Ghislain Marie Joseph Printant suite à la déroute 4-0 subie en phase de poule face à la Guinée équatoriale. Une humiliation à domicile pour l’un des favoris de la compétition, qui s’est qualifié in extremis grâce à la victoire du Maroc face à la Zambie (1-0).
Un sursaut d’orgueil national
Conforté sur le banc des Éléphants par la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) après le refus de la Fédération Française de Football (FFF) de prêter l’entraîneur de l’équipe féminine, Hervé Renard, pour le reste de la CAN, Emerse Faé n’a pas tardé à faire taire les sceptiques. Galvanisant ses troupes, il a su insuffler un nouvel état d’esprit à l’équipe ivoirienne : combatif et solidaire. Ce qui leur a permis de battre le champion en titre, le Sénégal, aux tirs aux buts (5-4) après une égalisation miraculeuse à la 86e minute.
Un parcours semé d’embûches
En quart de finale, les ivoiriens récidivent face au Mali. Réduits à 10 après un deuxième carton jaune d’Odilon Kossounou à la 43e minute et menés 1-0 à la 71e minute, les Eléphants n’ont pas abdiqué. Ils égalisent à la 90e grâce à Simon Adingra et arrachent la prolongation face à des maliens médusés. Alors qu’une nouvelle séance de tirs aux buts se profilait à l’horizon, Oumar Diakité, l’avant-centre du Stade de Reims délivre son équipe dans le temps additionnel (122e), grâce à un geste venu d’ailleurs, après une reprise du pied gauche de Seko Fofana.
Face à la République Démocratique du Congo (RDC) en demi-finale, la Côte d’Ivoire s’est imposée sans grande difficulté sur un but de Sébastien Haller à la 65ème minute, à l’issue d’un match maîtrisé, validant ainsi son ticket pour la finale de la compétition. Une première depuis la CAN 2015 organisée en Guinée équatoriale.
Un sacre historique
Dimanche, face aux Super Eagles du Nigeria, les Éléphants ont confirmé leur bonne grâce en s’imposant 2-1. Emerse Faé et ses hommes ont démontré qu’ils étaient capables de remonter la pente après l’humiliation face aux équato-guinéens et de remporter ainsi la plus grande compétition du football africain à domicile. Une première depuis l’Egypte en 2006.
Un symbole fort
Le triomphe d’Emerse Faé est une ode aux compétences locales trop souvent sous-estimées. Dans un contexte où les fédérations africaines privilégient les entraîneurs étrangers, il démontre avec brio que le talent n’a pas de couleur de peau. Son parcours extraordinaire est une inspiration pour toute une génération d’entraîneurs et sonne comme un avertissement : l’Afrique n’a plus besoin de “messies étrangers” pour écrire son histoire.