Le président de la transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a prononcé une allocution le mardi 2 avril 2024 au Palais des Sports de Libreville, lors de la cérémonie d’ouverture du dialogue national inclusif. Retrouvez ci-dessous le discours intégral du chef de l’État.
– Excellence Monsieur le Président de la République Centrafricaine, Président en exercice de la CEMAC et Facilitateur de la CEEAC ;
– Messieurs les présidents des institutions de la transition ;
– Monsieur le Vice-Président de la Transition ;
– Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
– Messieurs les Officiers Généraux ;
– Officiers, Sous-officiers et Militaires du rang du CTRI ;
– Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernements ;
– Monsieur le Président du Dialogue National ;
– Messieurs les dignitaires de la république ;
– Messieurs les ambassadeurs, observateurs du dialogue national
– Mesdames et messieurs les membres des Commissions ;
– Mesdames et messieurs en vos grades rangs et qualités.
Ouvrir ces Travaux du Dialogue National inclusif équivaut à ouvrir une page de ce grand livre de notre histoire, cependant permettez-moi de commencer par remercier le Président de la République Centrafricaine Faustin-Archange TOUADERA pour son rôle de facilitateur de la CEMAC, et son implication sans relâche à accompagner le Gabon dans ce processus de Transition.
Ces remerciements s’adressent également à tous nos amis de la CEEAC, dont l’action déterminante a déjà permis d’aboutir à la levée des sanctions qui pesaient sur le pays.
Je continue de compter sur ce formidable esprit de solidarité africaine pour le retour du Gabon au sein de l’Union Africaine.
Aussi, je remercie toutes les organisations internationales qui croient en nous et à la réussite de cette Transition et, ne cessent de nous citer comme modèle. C’est dire que le cas du Gabon fait école.
Gabonaises, Gabonais, Mes chers compatriotes,
C’est avec une vive émotion qu’en ce jour, si particulier commémorant la fête de pâques, je m’adresse à chacun d’entre nous.
Je souhaite que mon message porté par la foi et l’amour du pays, parvienne à nos chers compatriotes vivants dans le Gabon profond, ainsi qu’à ceux de la diaspora.
Je m’adresse également à nos concitoyens établis dans l’Estuaire et le Grand Libreville, notamment ceux des PK, KINGUÉLÉ, COCOTIER, AKÉBE, MINDOUMBÉ DÉCHARGE, NZENG ET OWENDO-RAILpour ne citer que ceux-là.
En réalité, je m’adresse à vous tous :
– Aux peuples autochtones ;
– Aux personnes vivant avec un handicape ;
– Aux infirmes du bonheur a qui ce dialogue peut servir de béquilles ;
sans tenir compte de votre province, votre appartenance ethnique, vos croyances religieuses, votre niveau social ou intellectuel.
Je n’oublie pas tous ceux qui aiment le Gabon et qui nous ont toujours témoigné leur amitié et leur soutien.
Veuillez trouver ici l’expression de mes vifs et sincères remerciements.
Mes chers compatriotes,
Sept mois après la mise en place des Institutions de la Transition, et conformément au chronogramme annoncé le 13 novembre 2023, nous voici aujourd’hui rassemblés pour la cérémonie d’ouverture du Dialogue National inclusif, dont je salue la mobilisation massive.
Ce dialogue est un moment primordial au cours duquel, nous allons pouvoir nous parler avec franchise et sincérité.
Mes chers compatriotes,
Le 30 août 2023, face au chaos inéluctable dans lequel allait plonger notre pays à l’issue d’un processus électoral volontairement tronqué, les Forces de Défense et de Sécurité, réunies au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), ontdécidé de mettre un terme au régime en place.
Ce « coup de la liberté » a été saluée aussi bien sur l’ensemble du territoire national qu’au sein des communautés gabonaises vivant à l’étranger.
Les Forces de Défense et de Sécurité ont choisi dès les premiers jours, d’impliquer toutes les forces vives à la reconstruction de notre belle nation. Cela avait pour but d’associer le plus grand nombre aux choix fondamentaux de la Transition.
C’est pourquoi, la phase préparatoire de ce Dialogue National a été marquée par une vaste consultation qui a permis de recueillir plus de trente-huit mille contributions, donnant ainsi à chacun l’opportunité de participer à l’œuvre de reconstruction de notre édifice commun.
Gabonaises Gabonais,
Depuis la Conférence Nationale de mars-avril 1990, jusqu’à la Concertation politique de février 2023, en passant par les Accords de Paris de 1994, les Accords d’Arambo de 2006, le Dialogue politique d’Angondjé de 2017, les avancées tant souhaitées par lesgabonais sont restées lettre morte.
Ces rendez-vous manqués avec l’histoire ne sauraient se reproduire sous le magistère du CTRI pour quatre raisons :
La première : le nombre de contributions, soit 38 000, justifiant l’intérêt du peuple gabonais pour ce dialogue.
La deuxième, est liée au nombre de participants qui a été réévalué à 598participants contre 300 lors de la Conférence Nationale,
250 pour les Accords d’Arambo et 150 au cours de la Concertation politique de février 2023.
La troisième, concerne les thématiques abordées car les précédentes rencontres tournaient exclusivement autour des questions politiques. Celle-ci met en avant les préoccupations économiques et sociales légitimes des gabonais autant qu’elle ambitionne de tracer une nouvelle trajectoire à l’histoire de nos Institutions.
La quatrième raison, est que les conclusions de ce Dialogue National inclusif vont être traduites en texte de loi, puis soumises à un référendum qui permettra à tous les Gabonais de se prononcer sur la proposition d’une nouvelle Constitution. C’est là, le véritable caractère souverain recherché.
Il est à noter que le dernier referendum en République Gabonaise a eu lieu il y’a 29 ans.
Mes chers compatriotes,
Certes le présent dialogue abordera également des sujets liés à la politique, il ne saurait être ni politicien ni politicard au sens des luttes partisanes pour la conservation ou la conquête du pouvoir.
Il s’agit plutôt d’un échange politique au sens le plus noble du mot, c’est-à-dire la résolution des problèmes de la collectivité par la discussion.
Mesdames et Messieurs les participants,
Convaincu de votre parfaite compréhension des enjeux de cette rencontre, je rappelle que la haine, la vengeance, la violence même verbale ne sauraient constituer un programme de société.
Notre Peuple attend beaucoup de vous, de ce Dialogue National Inclusif.
Je sais donc compter sur l’esprit consensuel et le sens des responsabilités qui doivent habiter chacun de vous pour que les travaux débouchent sur la victoire du Gabon.
Pour ma part, je m’engage à tout mettre en œuvre pour atteindre ce but. Je suis déterminé à voir le Gabon ouvrir une nouvelle ère de son histoire vers la félicité, aussi bien sur le plan national qu’international.
Gabonaises, Gabonais,
Ce dialogue, que nous voulons inclusif, il est important de le souligner, devra être encadré. Il ne s’agit ni d’un Tribunal, ni d’une Cour de Justice.
Bien au contraire, le dialogue national vise à réfléchir sur l’édification d’un nouveau Gabon, réconcilier les Gabonaises et les Gabonais entre eux,
en créant un espace qui permet à tous les enfants de notre pays, quelle que soit leur statut social, de se rassembler autour de notre quête de prospérité, de bonheur partagé et de notre vivre ensemble.
C’est pourquoi, je suis heureux de constater que la majorité des participant a ce dialogue sont de visages nouveaux, auxquels s’associent les nombreux citoyens, sans affiliation politique particulière, ainsi que des centaines d’associations, qui ont adhéré et exprimé leur souhait de participer activement à ce dialogue à travers leurs nombreuses suggestions sur les plateformes créées à cet effet.
Sur la base de ces éléments, les nombreuxfrères et sœurs qui participent pour la première fois au Dialogue, auront la noble et exaltante mission de proposer un modèle de fonctionnement de nos Institutions et de nos organes de gouvernance.
Mes chers compatriotes,
Le Dialogue National n’est pas une foire d’empoignades. Sans tabous ni censure, pourvu que l’on y mette les formes, chacun devra s’exprimer en toute liberté et en toute sécurité.
Je veux faire de cette rencontre nationale, un cadre propice à l’incubation d’idées novatrices qui inspireront l’écriture d’une nouvelle constitution, mais aussi la promotion des lois favorisant des élections libres et transparentes.
Il s’agira donc concrètement :
• D’effectuer un diagnostic aussi précis que possible de la situation institutionnelle, économique et sociale de la Nation ;
• De proposer des orientations appropriées en vue de conduire le pays vers une démocratie et un Etat de Droit véritable ;
• D’arrêter les grands principes d’orientation de l’Etat et des pouvoirs publics ;
• D’énoncer toutes mesures susceptibles d’assurer la réalisation de la justice sociale.
Une telle entreprise suppose que chacun d’entre nous fasse au préalable un travail sur soi afin de faire évoluer nos mentalités, nos habitudes, pour ne pas dire nos mauvaises habitudes.
Mes chers compatriotes,
La souveraineté du peuple gabonais s’exercera lors du référendum sur la nouvelle Constitution, déterminant les formes de gouvernance à adopter dans notre pays.
Si nous voulons nous relever, il nous faut faire preuve de vérité en dressant un diagnostic des faits que nous ne souhaitons plus voir se reproduire dans notre pays.
Pour ce faire, l’implication des leaders religieux m’a semblé indispensable.
Leur participation garantit que les décisions prises lors du dialogue national soient inclusives et respectent les valeurs de paix et les croyances auxquelles les Gabonais sont très attachés.
C’est pourquoi, en les désignant officiellement à la présidence du bureau de ce dialogue national inclusif, nous leur avons confié la tâche d’en assurer la gestion.
Il leur revient donc de veiller à ce qu’à la fin de ce Dialogue National, le Gabon retrouve sa dignité, renaisse uni et réconcilié avec lui-même.
Peuple Gabonais,
Les combats d’une République ne se gagnent pas d’un coup, mais à travers le temps. LeCTRI que vous soutenez depuis le 30 aout 2023, se réserve d’analyser le bienfondé d’un commission ‘’justice vérité et réconciliation’’ le moment venu.
Le temps d’une transition me semble bien trop étroit pour établir les responsabilités de chaque évènement en ré-évoquant les circonstances qui ont prévalu au moment de faits.
D’autant plus que sous d’autres cieux les commissions de ce type ont ouvert des brèches qui ne sont toujours pas refermée malgré les années.
Il est bon de revenir dans le passé, j’en convient, mais cela ne doit pas nous empêcher d’avancer.
L’armée a fait sa part, il revient donc au clergé, aux églises, de faire la-leur. C’est dire que le dialogue national inclusif nous l’avons mis sous le sceau de Dieu.
Sur ces mots, j’en appelle à la responsabilité et au patriotisme de tous pour qu’à nouveau, unis dans la concorde et la fraternité, le Gabon rêvé par nos ancêtres s’éveille et demeure digne d’envie.
Peuple Gabonais,
C’est enfin notre essor vers la félicité.
Honneur et fidélité à la Patrie !
Je déclare ouverts les Travaux du Dialogue National Inclusif.
Je vous remercie.