Alors que Libreville s’apprête à accueillir de nombreuses personnalités pour l’investiture prochaine du président élu, Brice Clotaire Oligui Nguema, la question de la propreté de la capitale gabonaise refait surface avec acuité. Confrontée à un problème d’insalubrité récurrent, quelle image la ville offrir a-t-elle au monde ? Une interrogation d’autant plus vive que des efforts notables ont été engagés par les autorités de la transition depuis août 2023.
Conscientes des difficultés des acteurs de la collecte (agents municipaux, entreprise Clean Africa, syndicats), les autorités de la transition avaient marqué leur soutien. En août 2024, un important don de matériel (30 camions-bennes, 6000 bacs à ordures de 360 à 660 litres) avait ainsi été effectué aux municipalités pour optimiser les conditions de travail dans ce secteur.
Parallèlement, la mairie de Libreville, via son délégué spécial, a multiplié les initiatives : fixation d’horaires stricts pour le dépôt des ordures ménagères (18h-21h) pour responsabiliser les citoyens, et création, en février 2025, d’une brigade municipale dédiée. S’appuyant sur l’arrêté n°0461 de septembre 2022, cette brigade vise à améliorer l’environnement urbain, à sensibiliser les habitants et à faire respecter la réglementation en matière de salubrité, y compris par des sanctions.
Mais quid de la responsabilité citoyenne ?
Malgré cet arsenal de mesures déployées durant la transition, l’espoir d’une capitale durablement propre peine à se concrétiser. La part de responsabilité des citoyens ne peut être éludée. L’incivisme reste un obstacle majeur : non-respect des horaires de dépôt, multiplication des décharges sauvages, déchets jetés dans les canalisations ou en pleine rue… la liste est longue. À l’heure où le pays parle de restauration des institutions, une « restauration des mentalités » semble tout aussi impérative pour accompagner l’élan vers le progrès et le bien-être collectif.
Un enjeu de santé publique et une question de transparence
L’insalubrité n’est pas qu’une nuisance visuelle, c’est un grave problème de santé publique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelait déjà en 2016 que l’exposition à des environnements insalubres avait causé 12,6 millions de décès dans le monde en 2012. La lutte exige donc des efforts constants et partagés entre autorités et citoyens.
Dans ce contexte, une mesure financière a été introduite en 2019 : la Redevance ordures ménagères (ROM). Prélevée à hauteur de 7% sur les factures d’électricité (SEEG) de « toutes personnes physiques ou morales possédant un compteur », cette taxe était censée financer la gestion des déchets. Pourtant, plusieurs années après son instauration, de nombreux librevillois s’interrogent légitimement : où va réellement cet argent ? Est-il efficacement alloué à l’amélioration de la salubrité ? La question de la transparence de son utilisation reste entière et posée avec acuité.
Alors que Libreville connaît d’importantes transformations avec de nombreux chantiers en cours, la lutte contre l’insalubrité demeure un nœud gordien pour les autorités. Avec l’avènement de cette nouvelle ère (la Ve République), les attentes des populations sont fortes : elles espèrent des actions concrètes et des solutions pérennes pour venir à bout, enfin, de ce fléau.