L’arrivée potentielle de sept États africains dans l’actionnariat de la chaîne francophone TV5 Monde suscite de nombreuses inquiétudes. Cette appréhension est due aux incertitudes concernant les garanties d’indépendance des correspondants et des journalistes indépendants à travers le monde.
C’est une polémique dont TV5 Monde se serait bien passé. Il s’agit de l’intégration de pays africains au sein de l’actionnariat du groupe audiovisuel public français dans le cadre du développement de son plan stratégique 2025-2028. Ainsi, sept pays africains, dont le Gabon, le Bénin, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la République démocratique du Congo et le Congo-Brazzaville, peuvent intégrer l’actionnariat de la chaîne, leur donnant également la possibilité de siéger au conseil d’administration.
De prime abord, cette entrée au sein du capital du média francophone pour ces pays africains signifierait un partage de capitaux entre eux et les sociétés audiovisuelles publiques de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, du Québec et de Monaco, constituant ainsi une première problématique économique pour ces derniers.
Outre cela, Yves Bigot, qui dirige la chaîne depuis 2012, estime qu’il est essentiel que TV5 Monde s’ouvre à l’ensemble de la francophonie, car le groupe « ne peut pas rester éternellement la chaîne de la francophonie du nord sans accueillir les sensibilités et le regard des africains ». Le média se félicite de toucher 62 millions de téléspectateurs par semaine, dont 80 % viennent du continent africain.
L’objectif affiché par cette démarche est clairement d’ouvrir la chaîne à d’autres acteurs de la francophonie. Cependant, la perspective de l’arrivée de ces pays au sein de la chaîne soulève des inquiétudes quant à l’indépendance de sa rédaction et la fiabilité de ses contenus d’information.
Une situation qui inquiète particulièrement les correspondants de la chaîne, car plusieurs journalistes interrogés par Reporters sans frontières (RSF) expriment leurs craintes d’un traitement altéré de l’actualité, voire de l’autocensure. Dans ce sens, un travail a déjà été entamé pour renforcer les mécanismes visant à protéger l’indépendance de la rédaction à travers le monde pour une meilleure collaboration entre ces États.
Dydy Traoré